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  • aliciamazouz

Quelle vie pour l'amphi ?




L’amphithéâtre peut être une scène pour l'émulation collective. Il peut être aussi le lieu de la transmission horizontale, du silence ou du bruit, indifférant l’enseignant qui poursuit inlassablement sa leçon. Mais quel est son sens si nous le laissons nous échapper ?



J’aime comme je déteste l’amphithéâtre. Étudiante déjà, il m’oppressait, le nombre de personnes, la passivité, la quête acharnée de la prise de notes parfaite. Des mots que je pouvais avec plus de sérénité rencontrer dans les livres.


Pourquoi faudrait-il alors se déplacer jusqu’à l’amphithéâtre ?


Vivre le droit ensemble

Pour y vivre le droit autrement. Il ne faut pas s’interdire d’être créatifs dans cet espace si souvent marqué par le nombre important de participants et participantes . Il ne faut plus se l’interdire car nous avons besoin de créer de la rupture mais aussi des silences, pour que l'enseignant puisse vivre l'instant avec les apprenants et non parallèlement. Savoir trouver la pause, savoir raconter une affaire quand les yeux se tournent vers d’autres mondes offerts par l’écran.


Je le dis souvent à mes étudiants et étudiantes. Si vous venez jusqu’à ce lieu, vivez l’instant avec moi. Je suis un peu jalouse, ne me trompez pas avec votre écran, votre liste de courses, vos programmations de fin de semaine. Ils peuvent attendre encore une heure non ? Offrons-nous un vrai échange de qualité, un échange où nous posons nos connexions, nos réseaux sociaux, nos appels sans urgence. Arrêtons le temps pour comprendre le droit ensemble et réinventer le sens de la présence en amphithéâtre.


Placer les étudiants et les étudiantes sur la scène


A la rentrée, nous étions si heureux de nous retrouver, surtout pour les étudiants et étudiantes de deuxième année qui n’avaient connu de l’université qu’une interface numérique, marquée du sceau d’un virus. Deuxième séance de droit des contrats. Je vous lance un défi. Nous commençons le cours avec des scènes conçues par vos soins.


La seule contrainte ? Je vous ai demandé d’illustrer par votre scène une situation de pourparlers ou d’avant-contrats. Vous deviez donc préparer le cours pour mieux réaliser le scénario. La pari est gagné. L’amphi s’arrête, silencieux, capté par les scènes courtes. On a envie, moi la première, assise de l’autre côté, dans la fosse apprenante, de découvrir ce que vous souhaitez partager. Tout au long de la séance, grâce à vos représentations très concrètes, je vais pouvoir m’appuyer sur vos personnages et vos propos pour illustrer le cours. 1h30 après le début du cours, la patience et l’écoute sont toujours présentes. Assez exceptionnel.


Je voulais partager cette expérience car il m’a été difficile par la suite de ressentir tout au long des séances cette même synergie. Rapidement, l’élan de la rentrée passé, le cours d’amphithéâtre est redevenu la variable d’ajustement, les rangs se sont éclaircis. Pas le temps de réviser mon test, de préparer mon TE, je vole le temps là où je suis invisible, je ne pousse plus la porte de l’amphithéâtre. Cette masse inquiètante peut pourtant aussi être l’alliée de l’intelligence si nous la laissons s’exprimer collectivement. De beaux échanges demeurent avec ceux et celles qui restent. Faut-il finalement courir après ceux et celles qui ne poussent plus la porte ou simplement s’investir pleinement pour les personnes encore présentes ?


Partageons nos idées pour réinventer l'amphithéâtre


Je n’aime ni les amphithéâtres silencieux, ni ennuyés. Je les voudrais vivants de vous face à moi.


Alors, chers et chères collègues, si vous avez des idées pour illuminer ces instants d’enseignement, qui peuvent devenir si pesants s’ils ne sont pas ressuscités, à vos claviers, ici ou ailleurs. J’attends vos propositions.

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